Les maladies rares : ce sont d’abord la diversité voire la gravité de situations individuelles :
La problématique de santé publique des maladies rares se pose d’abord en terme qualitatif :
Médicalement :
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Des maladies graves, chroniques, évolutives avec un pronostic vital souvent en jeu
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Des maladies invalidantes, une qualité de vie dégradée, une perte d’autonomie
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Des maladies pour lesquelles il n’y a pas de traitement, mais au mieux des soins de leurs symptômes améliorant la qualité de vie
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Des maladies mal connues, avec un diagnostic tardif voire inexistant.
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Des maladies se caractérisant par une grande diversité d’expression de chaque maladie
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Des maladies se caractérisant par une diversité des degrés d’atteintes, d’évolution pour chaque individu
Socialement :
Des maladies entraînant une douleur, une souffrance de la personne et de son entourage
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Des maladies entraînant un isolement social, des bouleversements professionnels ainsi que familiaux
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Des maladies pour lesquelles la prise en charge des systèmes de santé sont inadaptées
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Des maladies mal ou non reconnues
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Des maladies avec souvent des traitements coûteux, impliquant des déplacements et suscitant alors des problèmes de remboursements ou de prise en charge adapté
Les maladies rares : la rareté, véritable paradoxe de ces maladies
En effet, si les maladies rares affectent un nombre restreint de personnes (environ une personne/2000), elles touchent 6 à 8% de la population française qui peut être atteinte à un moment ou à un autre de sa vie par une de ces maladies.
On estime qu’il y a environ 7000 maladies rares ; 80% sont d’origine génétique. Ces maladies génétiques concernent 3 à 4% des naissances en France. Les autres maladies sont bactériennes, virales, allergiques ou de proliférations cellulaires.
L’atteinte peut être visible dès la naissance ou l’enfance (exemples : l’amyotrophie spinale, le syndrome de Rett, l’ostéogénèse imparfaite, la neurofibromatose, les maladies lysosomales, les chondrodysplasies) mais plus de 50% des maladies apparaissent à l’âge adulte (exemples : la maladie de Crohn, la maladie de Charcot-Marie Tooth, la sclérose latérale amyotrophique, le sarcome de Kaposi, le cancer de la Thyroïde)
Les maladies rares : un concept nouveau au sein de la « Santé publique »
La prise de conscience de la gravité, la complexité de ces maladies est récente. Jusqu’à présent, on peut considérer qu’elles étaient ignorées par le système de santé, laissées pour compte par les politiques publiques : non par mauvaise volonté mais du fait de la méconnaissance du secteur, le manque de moyens pour appréhender une complexité certaine, l’absence d’initiatives, méthodes pour créer des liens entre les divers acteurs de la prise en charge.
Pourtant, prises individuellement, ces maladies n’étaient pas inconnues ; certaines ont fait l’objet d’une politique publique via un dépistage : dépistage néonatal des hypothyroïdies congénitales, de la phénylcétonurie, dépistage chez certaines populations à risque des hyperplasies des surrénales, de la dépranocytose.
Il est compréhensible qu’une politique publique spécifique pour chacune des 7000 maladies ne puisse pas être développée.
Cependant, une vision globale, collective de situations jusqu’alors « fragmentées » fait apparaître des solutions.
Les maladies rares doivent être appréhendées sous une « problématique » ; seule l’approche globale permet de mettre en place voire développer une véritable politique- à différents échelons- de santé publique.
La recherche scientifique, biomédicale, le développement de médicaments, la politique industrielle, l’information, la prévention et la formation, la prise en charge sociale et professionnelle, la prise en charge médicale et paramédicale : tel est l’ensemble des domaines liés à la problématique.
Les maladies rares : des facteurs multiples d’exclusion
Les personnes atteintes par ces maladies rencontrent toutes des difficultés similaires de délais et de compétences dans le diagnostic, l’information et l’orientation vers les professionnels compétents, l’accès à des soins de qualité, la prise en charge globale, sociale te médicale de la maladie, la coordination des soins hospitaliers et de ville, l’autonomie et l’insertion sociale, professionnelle, citoyenne et de vie affective.
Beaucoup de maladies rares s’accompagnent de déficit de capacités sensorielles, motrices, mentales et parfois de stigmates physiques. Les personnes atteintes de ces pathologies sont plus vulnérables sur le plan psychologique, social, économique ainsi que culturel.
Ces difficultés pourraient être réduites voire éradiquées par une politique (au sens large du terme) adaptée.
Faute de connaissances scientifiques et médicales suffisantes, un grand nombre de maladies n’est pas diagnostiqué. Leur maladie demeure inconnue. Au mieux, ces personnes sont prises en charge sur la base de l’expression de leurs symptômes ; ce sont ces personnes qui souffrent le plus de difficultés de prise en charge. Plus encore que les autres maladies, elles vivent une situation de « nomades » et « d’exclus du système de santé ».
La prévalence et la notoriété d’une pathologie rare ont une incidence sur la rapidité du diagnostic et la qualité de prise en charge médicale ainsi que sociale.
Or, la perception du niveau de qualité de vie par un malade est plus corrélée à la qualité de prise en charge qu’à la gravité de son atteinte et son niveau de handicap.
Les maladies rares plus encore que les maladies chroniques se caractérisent par le fait que les malades et leur entourage sont des acteurs de leur propre prise en charge :
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Ils connaissent bien leur maladie ou certains de ses aspects : ils peuvent aiguiller les professionnels.
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Dans certains cas, ils effectuent des actes de soins et donc peuvent faire partager leur expérience
Leur situation d’exclusion du système de santé ainsi que l’expérience acquise au quotidien conduit à la création de nombreuses associations de malades. Au-delà de leur vocation à faire reconnaître leur maladie, médicalement, socialement, ces associations constituent des lieux de partage, d’expériences ainsi que de production d’information.
Moins il existe de traitements pour une ou autre de ces maladies, plus la pratique médicale se fait sur un mode pragmatique et expérimental et plus l’information est partagée entre le médecin et la malade – en se rapprochant de codécision dans les choix thérapeutiques. Cependant, dans la plupart des cas, le médecin comme le patient se trouvent démunis quant à l’information, l’orientation- d’où la nécessité de la structure « relais » ; de plus, dans le parcours plus ou moins complexe en perspective, l’accompagnement va alléger considérablement la prise en charge, les démarches.
Article collecté le 23 juillet 2010 sur le site :
http://www.accompagnementhandicap.com/pages/problematique-des-maladies-rares-et-orphelines-3276009.html